Villemur, terre d’accueil
En 1939, Villemur entre de nouveau dans les années sombres, la mobilisation rappelle de mauvais souvenirs, certaines plaies ne sont pas encore cicatrisées. Le 16 mai 1940 les premiers réfugiés belges arrivent à Villemur, ils seront environ 1200 à être hébergés dans notre ville secourus par un comité d’entraide piloté par André Brusson dont les liens avec la Belgique sont étroits, possédant des parts dans la société Francobel près de Charleroi.
Ce même comité d’entraide viendra également au secours des prisonniers de guerre de Villemur et du canton. Les réfugiés belges repartiront pour la plupart par train spécial le 31 août 1940, alors que trois mois plus tard, le 22 novembre arrivent des réfugiés lorrains, expulsés de la Moselle annexée par les nazis. La plupart resteront à Villemur durant toute la guerre, et certains d’entre eux y fonderont famille après la Libération.
En 1941 la Société Générale d’Equipements (S.G.E) basée à Puteaux dans la banlieue parisienne, se replie à Villemur dans les locaux vacants de la scierie d’Emile Sabatier. Cette société décide de s’implanter dans le Sud-Ouest à proximité des usines d’aviation de Toulouse qui était à l’époque le seul grand centre aéronautique de la zone libre.
Les allemands sont là
En juin 1942 le gouvernement de Vichy instaure le Service du Travail Obligatoire, en juillet de la même année, les jeunes du canton de Villemur sont concernés par leur départ dans les Chantiers de Jeunesse. C’est aussi en 1942 que décède le Docteur Urbain Vignères, ancien maire et conseiller général.
Les allemands arrivent à Toulouse le 11 novembre 1942, peu après à Villemur, ils réquisitionnent quelques bâtiments publics nécessaires à leur installation. C’est désormais l’époque des restrictions, du rationnement, du marché noir, et de la crainte de l’occupant. La situation va se tendre davantage les premiers jours d’avril 1944 avec l’arrivée dans la région de la division SS « Das Reich », d’autant que l’on assiste à une montée en puissance de l’activité du maquis de Villemur, un des foyers de résistance de l’Armée Secrète du Nord-Est toulousain . Les deux groupes d’artillerie SS qui stationnent dans la ville quittent Villemur avec le gros de la division au lendemain du débarquement, seules quelques unités restent encore dans la région.
Rafles et accrochages se multiplient jusqu’au pire : l’assassinat, le 28 juin de quatre civils au Born et de Paul Futter jeune juif caché parmi d’autres par le père Auguste Arribat à l’école Saint-Pierre. Un mois plus tard, quatre maquisards sont tués à Villemur au bas de la côte du Born, puis arrive la sinistre journée du 20 août.
Ce jour-là, un des derniers détachements de la division « Das Reich » quitte Blagnac, traverse Villaudric où elle massacre 19 civils. La colonne arrive à Villemur, Victor Rey est abattu, sur les Allées Notre-Dame.
Enfin, dans cette sinistre période comment ne pas citer l’épisode ayant pour cadre la place de la mairie, où 17 jeunes gens pris en otages par les allemands ne doivent la vie sauve qu’à l’intervention pleine de sang-froid et à l’héroïque courage du maire Désiré Barbe.
Le 17 septembre 1944, Eugène Boudy est élu maire, et dans son discours d’investiture, il salue avec joie la IVe République, témoigne son admiration envers les artisans de la Résistance, rend hommage en particulier à ceux de Villemur et dit tous ses regrets causés par le départ de son prédécesseur en soulignant sa conduite exemplaire pendant la période d’occupation.
JCF / AVH / 2017