11 novembre 1918 : l’ armistice. Centenaire de la Grande Guerre.

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11 novembre 1918 : l’armistice.


En ce début novembre 1918, le rapport de force est en faveur des armées alliées et la fin de la guerre semble proche. Le 2 octobre, général en chef des armées allemandes Ludendorff  déclare au gouvernement allemand que l’armée est à bout de force et qu’un armistice s’impose. Les alliés bulgares en septembre et autrichiens, début novembre, ont capitulé.
La campagne de France se déroule avec succès depuis le mois de juillet 1918 et les Allemands reculent sur tous les fronts.
Les pourparlers d’armistice vont débuter le 7 novembre alors que 2 jours plus tôt la demande d’armistice émanant de l’Etat-Major allemand a été transmise aux militaires français.

En France,  cette demande d’armistice fait débat. Le président de la République Poincaré et le général  Pétain voudraient profiter de l’avantage militaire pour chasser les Allemands de Belgique, envahir l’Allemagne elle-même, et signifier à celle-ci l’étendue de sa défaite. Mais le généralissime des troupes alliées,  Foch, et le chef du gouvernement,  Clemenceau, ne croient pas l’armée française – elle-même à bout de forces – capable de se battre encore longtemps et souhaitent en finir au plus vite.
Pourtant, en cas d’échec des pourparlers ou de retard de la signature d’armistice, une vaste offensive dirigée par le général de Castelnau devait alors être lancée le 13 ou le 14 novembre 1918 dans l’Est de la France pour s’emparer de Metz, occuper la Lorraine et poursuivre la marche vers le Rhin. L’attaque principale devait être assurée par vingt divisions françaises et six divisions américaines soutenues par plusieurs autres opérations jusque dans les Flandres pour bousculer l’ennemi sur tout le front.
L’ultime opération de la guerre allait se dérouler entre Charleville-Mézières et Sedan (les derniers combats de Vrigne-Meuse) par un franchissement de la Meuse destiné à montrer la détermination de la France et à contraindre les Allemands à signer l’Armistice.

la depeche mardi douze novembre

1. La dépêche du mardi 12 novembre

 

wagon rethondes

2. La délégation alliée devant le wagon de Rethondes

signature armistice

3. Carte postale célébrant l’armistice

Quatre ans après  la déclaration de guerre survenue  le lundi 3 août 1914,  après cinquante-deux  mois de batailles, c’est aussi un lundi, à 5 heures 15, le 11 novembre 1918, que l’armistice est signé dans le wagon spécial du généralissime Foch, au carrefour de Rethondes, au milieu de la forêt de Compiègne, dans l’Oise. Cet armistice marque ainsi la fin des combats, le cessez le feu étant effectif à 11 heures du matin, marqué par les sonneries de clairons sur tout le front, alors que partout dans le pays  les volées de cloches  se répondent de villes en villages.
C’est la fin de la guerre, la fin du cauchemar, la fin d’une hécatombe qui a fait près de 19 millions de morts, d’invalides, de mutilés parmi lesquels 8 millions de civils.


Le lendemain, Ferdinand Foch, maréchal de France, commandant en chef les armées alliées adressait un ordre du jour de félicitations aux armées alliées :
« Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées, après avoir résolument arrêté l’ennemi, vous l’avez pendant des mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit. Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire et sauvé la cause la plus sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers ! d’une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. La postérité vous garde sa reconnaissance. »

Mais l’armistice n’est pas pour autant la paix.  Le soir du 11 novembre, Georges Clemenceau confie avec lucidité au général Mordacq : « Nous avons gagné la guerre et non sans peine. Maintenant il va falloir gagner la paix, et ce sera peut-être encore plus difficile. »  La durée initiale de cet armistice n’est que de 36 jours et il devra être renouvelé à plusieurs reprises avant la signature du traité de paix de Versailles, le 28 juin 1919.

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grandes manoeuvres

4; Souvenir des grandes manoeuvres du Sud-Ouest

Pour la petite histoire, dans la délégation allemande à Rethondes, figurait le général major Detlof von Winterfeldt. Cinq ans auparavant, alors lieutenant-colonel, il avait participé aux Grandes Manœuvres du sud-Ouest en septembre 1913. Un an avant le début de la guerre, on est alors en pleine course aux armements, dans un climat d’inquiétude général qui ne laisse augurer rien de bon dans l’avenir. Ces “grandes Manœuvres”, si elles servent d’entrainement grandeur nature pour l’armée, sont aussi une démonstration de puissance  et d’intimidation vis à vis des éventuels belligérants.

 

 

grisolles

5. Grisolles, le 13 septembre 1913. Dans l’attente des nouvelles du blessé.

paul voivenel

6. Paul Voivenel en 1917

Le 13 septembre 1913, le véhicule transportant des attachés militaires étrangers -dont von Winterfeldt- invités au titre d’observateurs, se renverse dans un fossé près de Grisolles. Le militaire allemand est grièvement blessé, les premiers soins lui sont prodigués par le docteur Paul Voivenel (1) de Toulouse, mobilisé pour cette période de manœuvres. Quelques jours plus tard, devant la gravité de son état, il est transporté à Toulouse et opéré. La situation devenait délicate car von Winterfeld, attaché d’ambassade à Paris, de milieu aristocratique, avait été chargé personnellement par le ministre de la guerre, le baron Schoen, d’un rapport sur les forces françaises. Sa convalescence sera longue et il ne quittera le Midi de la France au début de l’été 1914. Il vient d’être nommé chef de division au Grand État Major. Peu après, la guerre éclate. (2)

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La nouvelle de cette délivrance n’est pas perçue et fêtée partout de la même manière, vous le verrez dans les lignes suivantes dans les grandes villes comme Toulouse ou à Villemur, petite cité de 3.000 habitants.
Sur le front également, les réactions sont très contrastées. L’émotion, la joie contenue, le doute.  Est-ce vrai ? est-ce vraiment fini ? Voici quelques témoignages de combattants qui ont raconté « leur » 11 novembre. (3)
Louis Barthas, caporal au 248e R.I , blessé a été évacué et se trouve à la caserne à Vitré en Bretagne : « Que de fois on avait songé à ce jour béni que tant n’auront pas vu, que de fois on avait scruté, fouillé le mystérieux avenir, cette étoile de salut, ce phare toujours invisible dans la nuit noire.
Et voilà que ce jour à jamais immortel était arrivé ! Ce bonheur, cette joie nous écrasaient, ils ne pouvaient contenir dans notre cœur et nous restions là à nous regarder, muets et stupides. »

Cet autre témoignage de l’écrivain Gabriel Chevallier : « Onze heures. Un grand silence. Un grand étonnement.

heure de la victoire

L’heure de la Victoire. (Bibliothèque municipale de Toulouse)

Puis une rumeur monte de la vallée, une autre lui répond de l’avant. C’est un jaillissement de cris dans les nefs de la forêt.
Il semble que la terre exhale un long soupir. Il semble que de nos épaules tombe un poids énorme. Nos poitrines sont délivrées du cilice de l’angoisse : nous sommes définitivement sauvés.

Cet instant se relie à 1914. La vie se lève comme une aube. L’avenir s’ouvre comme une avenue magnifique. Mais une avenue bordée de cyprès et de tombes. Quelque chose d’amer gâte notre joie, et notre jeunesse a beaucoup vieilli. »

Suit le récit de Jean Grange qui cite l’extrait de l’historique régimentaire du 30e R.I auquel il appartient :
« La nouvelle, destinée à rester secrète jusqu’à son annonce officielle, a cependant fusé, et dès 8 heures ce n’est un secret pour personne : l’armistice entrera en vigueur à onze heures.
Aucune joie bruyante, aucune manifestation n’accueille cette nouvelle. Il semble que les esprits éprouvent une certaine difficulté à s’assimiler cette idée. À onze heures, le lieutenant-colonel commandant le régiment réunira les officiers pour leur annoncer officiellement l’armistice : même absence de réactions.
Le soir, seulement, la gaieté apparaîtra, et encore ne sera-ce qu’une gaieté spéciale, celle de l’homme qui se dit, après raisonnement : « Je dois être gai ! » ; et la nuit se passera au milieu des sonneries de cloches, sous le ciel éclairé par les multiples fusées que lancent les soldats en signe de réjouissance, et que d’autres soldats répètent, de vallonnement en vallonnement.  »

Enfin le récit de Georges Morin qui est sous-lieutenant au 42ème R.I, blessé en juillet 1918, en convalescence dans sa famille :
« Le lundi 11 novembre, par une belle journée ensoleillée, alors que je suis en pleine forêt, j’entends de toutes parts sonner les cloches, joyeuses annonciatrices de la fin du plus horrible cauchemar que l’humanité ait jamais connu.
Une joie délirante s’empare du pays tout entier et surtout des survivants, qu’ils soient à l’avant ou à l’arrière. Je voudrais être au front à cet instant suprême, au milieu de mes camarades, pour partager leur enthousiasme après avoir partagé leurs souffrances. Mais je me demande si leur étonnement n’est pas aussi très grand et s’ils ne se posent pas, entre autres questions : « Est-ce bien vrai ?… Par quel hasard suis-je encore là ?… » Et comme je le fais, leur pensée doit se porter vers tous nos camarades, dont les noms commencent à nous échapper, et que nous avons vu tomber à nos côtés, sur tous les champs de bataille, de l’Alsace aux Flandres, fauchés, broyés, déchiquetés par la mitraille, brûlés, gazés, ensevelis, enlisés, disparus à jamais au cours d’atroces combats ou par des nuits sans lune.
Si leur sacrifice et les souffrances que nous avons endurées préparent des lendemains plus heureux, tout cela n’aura pas été fait en vain. Mais peut-on espérer en la sagesse humaine ? »

Comment Villemur a-t-il vécu cet événement ?

andré brusson

7. André Brusson et ses soeurs, Jeanne (à dr) et Marie-Louise, en 1918

Quatre témoignages permettent de nous éclairer. Celui de Jeanne Brusson, fille d’Antonin, le manufacturier, qui rapporte la nouvelle à son frère André Brusson : « Ce matin, le journal nous avait préparés à attendre encore et nous avions été bien déçus. Mais à onze heures dix, Papa a eu une conversation téléphonique avec la Société Générale, puis une seconde ailleurs annonçant l’heureuse nouvelle. Nous l’avons su avant la mairie. On a vite envoyé la nouvelle à Monsieur le Curé et au maire.
Au son de la grande cloche, nous avons pavoisé toute la maison. Malet, (4) qui est encore en permission et qui a passé aussi tout hier ici, Jeannette et Anna m’ont aidée à chercher les drapeaux qui dormaient dans la poussière d’un galetas dans l’usine.
Toute la cité était attroupée avec des mines réjouies et nous regardait. Enfin ! Enfin ! Que de cris ! Que de pleurs ! Que de figures épanouies ! Mais tout est calme, très calme cependant. Aujourd’hui justement, la fabrication des pâtes reprenait, aussi Papa n’a pas voulu arrêter le travail. Donc l’usine a marché à l’ordinaire et les gens n’ont pas paru fâchés de cela. Nous n’illuminerons pas, ce serait trop de gaieté pour cette fête solennelle, et d’ailleurs Papa n’a ni le monde voulu, ni le matériel. » (5)
Autre témoin, René de Naurois, 12 ans en 1918, se souvient du 11 novembre à Saint-Maurice : « Je me rappelle le jour où l’armistice a été annoncé. Des employés de la ferme et le maître de chai (il s’agit de Louis Gourmanel) dont un fils avait été porté disparu en 1917, arrivèrent les larmes aux yeux :« Au moins nos morts ne sont pas morts pour rien. !» répétaient-ils. Aussitôt on organisa une fête, on fit bonne chère en buvant un vin de la propriété, du « Saint-Maurice », et certains dansèrent des danses du pays. Tout cela dans une atmosphère d’émotion et de ferveur très fraternelle. »(6)

terrisse a carcassonne

8. Camille Terrisse (à g) à Carcassonne en 1918.

Camille Terrisse après sa grave blessure reçue à la côte 304 en janvier 1917, est désormais instructeur des jeunes recrues au 143è R.I de Carcassonne. Le 11 novembre 1918, sa permission à Villemur achevée, se trouve dans le train qui le ramène dans l’Aude. Quelques jours plus tard il raconte, par lettre, à Emile Pendaries : « Je suis arrivé au bataillon depuis mardi 12 à 3 heures du soir. Cela s’est bien trouvé, je suis arrivé en pleine fête. En effet à la popote, on fêtait l’armistice le soir même et dans de bonnes conditions. Donc ce fut parfait. Hier encore nous avons eu repos une bonne partie de la journée, et dans l’après-midi une revue a été passée en l’honneur de cette solennité. Tout était décoré et pavoisé pour la circonstance. Le soir à 7h 30, une belle retraite aux flambeaux avec fanfare, tambours et clairons était exécutée. Les grenades éclairantes, les VB  (7) éclairants étaient de la partie. Depuis longtemps je n’avais vu pareille manifestation avec autant d’enthousiasme. Il est vrai que le jour de gloire était arrivé ! »

Emile Pendaries un mois après l’armistice, répond à Camille Terrisse. Sa lettre est consacrée aux potins de la ville, aux nouvelles des copains, et au temps exécrable qui s’abat sur la ville « il pleut tout le temps, l’eau est grande » montrant par là tout l’intérêt et la crainte d’un villemurien, toujours inquiet du niveau du Tarn. Enfin, tout au bout de sa missive, il glisse enfin, comme pour s’excuser : « J’allais oublier que l’armistice, le moment de midi passé, fut très calme, l’on pavoisa peu et ce furent surtout ceux qui n’y avait personne. (Autrement dit ceux qui n’avaient pas de soldat au front, ou qui n’avaient pas eu de malheurs dans leurs familles) Le soir les femmes manifestèrent en faisant plusieurs tours de ville. À Toulouse ce ne fut pas pareil, l’on fit grandement la fête. Sicard n’a pas encore ouvert son bal, mais on a dansé aux alentours.»

rue alsace lorraine

9. La rue Alsace-Lorraine au centre des manifestations des 11 et 12 novembre.

À Toulouse justement, les éditions spéciales de « La Dépêche » annoncent en fin de matinée l’événement considérable.
Aussitôt une foule énorme se répand dans les rues ; les automobiles et les véhicules de toute sorte ne roulent que pavoisés.
À toutes les fenêtres claquent bientôt les drapeaux français et alliés. À 11 heures, les poilus permissionnaires, gare Matabiau sont l’objet d’ovations sans fin. À midi les cloches sonnent à toute volée, le Préfet en a donné l’ordre !

souvenir francais terre cabade

10. Le monument du Souvenir Français au cimetière de Terre-Cabade

On ferme les magasins et ils ne rouvriront pas l’après-midi. Les écoliers n’iront pas en classe non plus, il faut que la joie soit générale.

La Poudrerie aussi a donné congé à ses ouvriers, maintenant la guerre est finie, on ne fera plus parler la poudre. Vers 4 ou 5 heures, on entend le canon,mais cette fois c’est le canon de la joie. La rue Alsace est devenue tricolore, et on interdit la marche des tramways pour éviter tout accident.
La nuit venue, les Nouveautés, les Variétés, l’Apollo, et les divers cinémas illuminent ainsi que le Capitole éclairé par un cordon de lanternes vénitiennes. Le soir, le maire Jean Rieux réunit le conseil municipal en séance extraordinaire.

Le mardi, la ville est plus pavoisée que la veille. Le gouvernement a prescrit le chômage dans les usines de guerre et 24 heures de congés dans l’enseignement en raison de la signature de l’armistice, aussi, un long cortège d’ouvriers, d’ouvrières, d’écoliers se mêlant à la foule des manifestants, monte vers la nécropole de Terre-Cabade pour y fleurir les tombes des héros et le monument du Souvenir Français.

 

En ce soir du 11 novembre à Villemur, les volets resteront clos dans bien des maisons. On ne fera pas la fête. L’être cher, l’être aimé repose loin d’ici dans quelque cimetière proche du front.

la place

11. Villemur. La place. Dans le fond, la mairie entre la halle et le café Léonard;

Le mardi 15 novembre, le conseil municipal de Villemur se réunit en séance ordinaire sous la présidence de son maire. Après avoir expédié les affaires courantes, Charles Ourgaut prend la parole en ces termes :
« Depuis notre dernière réunion de grands événements se sont produits. L’Allemagne vaincue a dû solliciter un armistice le 11 novembre, date à jamais mémorable dans l’histoire du Monde. »
Suit un long réquisitoire contre « ce Kaiser sanguinaire rêvant de l’hégémonie de l’Allemagne sur le monde » 
Et rajoute t’il, « Qu’on ne cherche pas à séparer le peuple allemand de son Kaiser. Tous pendant 40 ans ont préparé la guerre et aujourd’hui encore nous ne voyons pas se produire un de ces sursauts de révolte contre un régime de tyrannie, de despotisme de domination et d’oppression comme il s’en est tant produit en France. »
Vient le moment de rendre hommage aux combattants, à ceux qui ont payé de leur sang, la victoire. Nul doute qu’à ce moment ses pensées vont en particulier vers son fils, le lieutenant Gaston Ourgaut, tombé à Massiges en septembre 1914.
« Mes chers collègues, le boche est vaincu, réjouissons nous en, mais que notre joie soit tempérée en nous rappelant ceux qui sont tombés et qui ont versé leur sang pour leur pays, pour la liberté du Monde. Tâche noble s’il en fut et dont le souvenir peut seul atténuer sans les affaiblir, les regrets et les douleurs que nous laissera la disparition de ces braves et le spectacle lamentable, journellement vécu de cette foule innombrable de mutilés… C’est grâce au sacrifice de ces vies, à toutes ces mutilations, à la bravoure sans escompte de nos poilus, à la science de leurs chefs, à l’aide des nations alliées, et surtout à celui de la libre Amérique, à la stratégie incomparable de ce grand chef, un peu notre compatriote, le maréchal Foch, au Gouvernement de la République, à la volonté de vaincre de son chef du grand citoyen Georges Clémenceau qui a su porter au plus haut point le moral du peuple français, que nous avons pu remporter la victoire alors que nous vivions des heures tragiques et que tout semblait perdu. »

charles ourgaut

12. Charles Ourgaut

Charles Ourgaut propose alors à ses conseillers municipaux de voter la délibération qui suit, et il est convaincu que ce vote réfléchi sera unanime. D’un ton solennel il prend la parole :
« Le Conseil Municipal de Villemur salue l’œuvre de la Paix.
Adresse l’expression émue de sa gratitude :

maréchal foch

13. Le maréchal Foch

Aux admirables et héroïques soldats de la France et des nations alliées, à leurs chefs, à l’illustre maréchal Foch qui n’a jamais douté de la Victoire et dont la science stratégique a eu raison des hordes teutonnes, au Gouvernement de la République qui a su maintenir intacte l’union de tous les français, au grand citoyen Georges Clémenceau, enfin, dont l’énergie indomptable et le patriotisme éclairé ont porté au plus haut point le moral de la Patrie.
S’incline bien bas devant les morts de cette grande guerre qui sont tombés pour la cause sainte de la liberté du monde et qui par le sacrifice de leur vie ont contribué à assurer la victoire du Droit et de l’Humanité sur la Barbarie.
À l’unanimité des membres présents, l’Assemblée s’associe aux paroles de son Président, adopte la délibération qui lui est soumise et décide que copie en sera transmise par les soins de son Président à Monsieur Georges Clémenceau, Président du Conseil, Ministre de la Guerre, et à Monsieur le Maréchal Foch. » (8)

Dans les jours qui suivent l’armistice, les premiers hommes démobilisés rentrent dans leurs foyers, ceux qui ont fait leur temps sous les drapeaux. De nombreux soldats de l’armée active sont toujours mobilisés, et pour ceux-là, il faudra s’armer de patience avant de les revoir. Attendre…il faut encore attendre celui qu’on aime, celui que l’on n’a pas vu depuis si longtemps.
Quelques prisonniers de guerre, blessés ont été rapatriés, (Marius Maux, Elie Gibert, Germain Sajus…) quand aux autres l’espoir de les voir rentrer au pays demeure, est-ce une question de jours ? De semaines ? De mois ? C’est l’incertitude la plus totale.
 À Villemur, au 11 novembre 1918, on était encore sans nouvelles de trente-trois soldats !

JCF / AVH 2018

 

Notes :
(1) (1880-1975) Neuropsychiatre, conférencier, écrivain et journaliste, passionné de rugby.

(2) http://hier.grenade.free.fr. (Association Hier Histoire et Recherches, Grenade sur Garonne)
(3) Sélection de textes par Thierry Hardier – Crid 14-18 / Collège Paul-Eluard, Noyon : http://crid1418.org/
Louis Barthas, Les carnets de guerre, Paris, Edition de la Découverte, 1987, 552 p. Notice rédigée par Rémy Cazals.
Gabriel Chevallier, La Peur, Paris, Stock, 1930, 319 p.
Philibert-Jean Grange, Philibert engagé volontaire (1914-1918), Paris, A. Michel, 1932, 320 p.
Emile Morin, Lieutenant Morin. Combattant de la guerre 1914-1918, Besançon, Cêtre, 2002, 336 p. Notice rédigée par Rémy Cazals.
(4) Charles Malet, alors mobilisé à la 3è division d’aviation, était le chauffeur de la famille Brusson.
(5) Rémy Cazals, Lettres du temps de guerre, p 99, dans « La chanson des blés durs, Brusson Jeune 1872-1972», CAUE Haute-Garonne, Editions Loubatières, 1993.
(6) René de Naurois,  Aumônier de la France Libre , Mémoires, Editions Perrin 2004.
(7) grenade à fusil Viven-Bessière.
(8) Registre des délibérations du conseil municipal de Villemur. 1 D 25, 1906-1919, f° 240-241.

Sources :
Alain Fauveau, « Le dernier combat : Vrigne-Meuse, 10 et 11 novembre 1918 », Revue historique des armées, 251 | 2008, 18-34

«Le Cri de Toulouse» , 30 novembre 1918. Rosalis, la bibliothèque numérique de Toulouse
«La Dépêche du Midi»  du vendredi 8 novembre 1968.
– Jean-Claude François « Les villemuriens dans la Grande Guerre »  AVH, septembre 2014, → voir l’onglet Publications

Crédit photo :
1: 
www.scoopnest.com 2, 11, 13 : coll Jean-Claude François. 3: Christian menuisier d’art de Montner. 4 : httpbonus.loucrup65.fr.
5 : La Dépêche du Midi; 6 : Wikipedia. 7 : “La chanson des blés durs “, fonds Brusson. 8 : coll. Mireille et Magali Faillères.
9, 10, 12 : ” Le Cri de Toulouse.”

 

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