Des vicomtes à la Révolution
Du milieu du XVIIe siècle à la Révolution, la ville sera sous la coupe d’une succession de vicomtes qui feront un passage plus ou moins éphémère.
Aucun ne résidera vraiment à Villemur, laissant ce soin à leurs administrateurs qui devront gérer les querelles incessantes avec les conseils de ville, les soubresauts des guerres religieuses, les dragonnades et la réforme catholique, les épidémies de peste, les famines et les calamités de la nature parmi lesquelles les crues dévastatrices du Tarn. Citons les sept vicomtes qui vont se succéder pendant près de 150 ans : Louis Ardier duc de Vineuil (1643-1658), les Fieubet-Caumont (1658-1666), Fouquet duc de Belle-Ile (1719-1731), Bonnier de la Mosson (1731-1744), Constance Moucel de Lourailles (1744-1764), Louis-Constantin de Batz (1764-1775), et enfin, le « dernier seigneur » Guy Ménoire de Beaujeau de 1775 à 1789.
La Révolution
La Révolution se passera sans effusion de sang ni incident majeur à Villemur contrairement à certaines communes voisines comme Buzet-sur-Tarn ou Villeneuve-les-Bouloc. Tout au plus doit-on mentionner la « grande peur » de la fin juillet 1789, la folle rumeur qui se propage, de Villemur livrée aux flammes « par une horde sauvage de brigands ». Citons aussi les frasques de la Bande Noire dite des « tourilleurs » qui terrorisa la population entre mai et juin 1792, l’émeute jacobine de l’été de la même année, et l’agitation soulevée par l’anarchiste abbé Peyrusse. Ce dernier, à la tête d’une bande de jacobins sectaires et violents sèmera la discorde dans la population, provoquant de graves troubles dans la ville.
Dans cette période de troubles, où la patrie est en danger, Villemur participera à l’effort de guerre et de nombreux jeunes seront affectés aux armées de la République, sur terre et sur mer où marins et charpentiers de marine rejoindront les rangs de « la Royale », la marine militaire française. Ces jeunes gens sont en effet considérés comme “gens de mer” travailleront dans les arsenaux ou les chantiers de construction de navires, ils embarqueront également sur les vaisseaux de la Flotte dans les ports de Rochefort, Brest et Toulon. Parmi eux, le chef de brigade Dominique Boscus fera parti de l’expédition de Saint-Domingue en janvier 1802. Sur terre d’autres de nos concitoyens s’illustreront sur les champs de bataille des guerres de la Révolution et de l’Empire, l’Histoire retiendra les noms du colonel Jean-Louis Cailhassou et du général Junius-Germinal Lapeyre.
Le Tarn, ami et ennemi
Entre le XVIIe et le XVIIIe siècle, l’histoire économique et sociale de Villemur est étroitement liée à sa rivière, le Tarn. La navigation et le commerce, privilégiant la voie fluviale à la voie terrestre peu sûre, feront de Villemur le port le plus actif de l’axe Albi-Moissac et également le principal chantier de constructions navales. En aval de la tour du Moulin, sur la rive droite au lieu-dit « la cale », les charpentiers de navire construisaient les gabarres dont certaines de fort tonnage allant jusqu’à 40 tonnes.
Elles transportaient principalement céréales, pastel vin, charbon, bois vers Bordeaux via la Garonne, et ramenaient du sel, du poisson séché et des épices.
De nombreux maîtres de bateaux, charpentiers de marine, marins, radeliers, sans compter les différents métiers artisanaux qui se développent autour de la batellerie et du commerce fluvial (cordiers, tonneliers, etc.) sont recensés pendant ces siècles d’intense activité fluviale. En 1761 on évaluait à 400 le nombre de villemuriens, considérés comme « gens de mer », qui servaient dans la marine royale.
Mais le Tarn de façon régulière au fil des siècles se montre menaçant, voire dévastateur. Les crues de 1766 et de 1772 emportent une partie des murailles et détruisent les portes de la ville. En 1789, la débâcle des glaces rompt la digue des moulins portant préjudice aux bateliers et meuniers de la ville.
JCF / AVH 2017