l’essentiel : Le groupe Essor a fait l’unanimité devant le conseil municipal de Villemur-sur-Tarn (31) qui a voté la vente de la friche industrielle Brusson. Essor travaillera avec le Cabinet XTU-Architects qui annonce un programme associant patrimoine, écologie, développement économique et touristique.
Le coeur des bâtiments Brusson deviendrait lieu de vie avec l’ossature du toit ouverte pour laisser venir l’air frais du Tarn. (Photo XTU architects).
C’est fait ! Après des années à chercher un porteur de projet pour les anciens établissements Brusson (fabrique de pâtes, pain de mie et biscottes) la ville de Villemur-sur-Tarn l’a enfin trouvé. Deux candidats qui avaient frappé à sa porte ont été présentés au conseil municipal jeudi. C’est finalement le groupe Essor qui a été choisi face à Kaufmann & Broad, sans appel, à la majorité. Sur place, Dominique Laplace, directrice Développement Friches et Reconversion chez Essor Développement a séduit par la qualité d’un projet qui, dit le maire, Jean-Marc Dumoulin, correspond totalement aux attendes de la ville ». Cerise sur le gâteau : le cabinet d’architectes retenu pour dessiner ce qui pourrait être baptisé « La Manufacture » est XTU Architects représenté jeudi par Anouk Legendre. Connue pour son approche novatrice de la ville et de l’habitat cette architecte s’inspire des processus et stratégies du vivant. C’est elle au sein de XTU qui est l’auteure, entre autres créations, de la Cité des Vins de Bordeaux. Le projet que le cabinet aura la charge de mener, présenté en exclusivité jeudi, accorde ainsi une large place à l’environnement « tout en restant conforme au cahier des charges fixé par la ville laquelle souhaitait associer préservation du patrimoine et développement économique et touristique », insiste le maire.
Restaurant, hôtel, coworking, patio…
Cela devrait être le cas au regard du dossier présenté. Entre les murs de briques datant de la fin du XIX siècle, une vie moderne et écologique s’installera. Un restaurant, un hôtel de charme, un espace événementiel, des commerces… sont prévus ainsi que de nombreux espaces de coworking, la partie logements se trouvant au premier étage comme l’impose le plan de prévention des risques inondation. « L’idée est de bâtir un projet autour de la tradition artisanale et du savoir-faire qui caractérise ce riche territoire. Ce sera un vrai tiers-lieu que pourront s’approprier les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle mais aussi les habitants. Nous amenons une nouvelle façon de réhabiliter de telles friches, plus personnelle, plus qualitative, plus durable, inscrite dans un futur post-pétrole », explique Anouk Legendre. Le projet fera donc la part belle aux matériaux de récupération, biosourcés, au rafraîchissement des lieux par des végétaux, un patio, ou en puisant l’eau du Tarn…
Le permis de construire de La Manufacture pourrait être délivré dans un an. Entre-temps, le fonds friche de 275 000 € alloué à la Ville lui permettra de lancer les travaux de sécurisation et de déblaiement d’une partie de la friche cédée 500 000 € à Essor. Le groupe devra ensuite investir pas moins de 10 millions d’€ pour faire aboutir son projet. La livraison est annoncée pour 2026. La friche Brusson n’en aura alors plus que le nom même si, entre ses murs sauvés et rajeunis, sa beauté et son âme continueront de parler de cette époque riche et glorieuse qui fait toujours rêver Villemur.
Une histoire inscrite dans les mémoires
La famille Brusson crée l’entreprise éponyme à Villemur en 1872. Au début du XXe siècle, Brusson Jeune est une des principales entreprises françaises dans le domaine des pâtes alimentaires et des produits céréaliers de régime. Après guerre est construite une machine à fabriquer les fameux Cheveux d’ange.En 1960, l’entreprise emploie entre 500 et 600 personnes. En1980, elle est forte de 120 salariés mais arrête la production de pâtes au gluten. Jean Brusson lance le pain de mie, les biscottes… En 1999, c’est le dépôt de bilan, 40 salariés se retrouvent sans emplois. Rachetée par Auga, Brusson devient la financière Villemur. Un redressement judiciaire plombe l’aventure en 2001. En 2006, nouveau dépôt de bilan et 30 licenciements. La Mie Occitane loue les locaux et n’emploie plus que 17 salariés. Les «Cheveux d’Ange» ont ensuite été la propriété de la société Vita Bread puis des Espagnols Brussanges .Ces derniers ont finalement joué un sale tour aux salariés, alors installés à Bessières, en vidant les ateliers pendant leurs vacances. C’en était fini de la célèbre petite pâte de Villemur aujourd’hui disparue mais à jamais ancrée dans les mémoires…comme l’histoire de Brusson.
Article écrit par Emmanuel Haillot, publié dans « La Dépêche du Midi » le 30/06/2022, mis à jour le 01/07/2022