Pierre Bernard Prouha, sculpteur

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Pierre Bernard Prouha, sculpteur

(1822-1888)

Une fois n’est pas coutume, sortons de nos murs pour aller à la rencontre d’un célèbre sculpteur qui naquit au Born (1) en 1822. Il s’agit de Pierre Bernard Prouha.

1822-1867, les débuts d’une intense carrière d’artiste :

encartPierre Bernard Prouha nait le 11 février 1822, 4ème enfant d’une famille de cultivateurs du Born : Michel Prouha et Françoise Compayré.

pb prouha

Pierre Bernard Prouha

Montrant des prédispositions artistiques, il entre, en 1843, à l’école des Beaux-Arts de Toulouse. Il rejoindra ensuite celle de Paris. Diplômé en 1850, ses débuts artistiques sont difficiles jusqu’à la commande d’une statue destinée à la cour carrée du Louvre. Il réalise alors « Nymphe », une statue toujours en place mais aujourd’hui fortement dégradée par la pollution.
L’exposition universelle de 1855 à Paris est une nouvelle occasion de lancer sa carrière. A cette occasion, la France, organisatrice de l’exposition, innove par une grande exposition internationale d’art contemporain. Au palais des Beaux-Arts, Pierre Bernard Prouha expose pour la première fois 2 de ses œuvres : le Printemps et l’Automne. Des commandes de l’Etat permettent, ensuite, à Pierre Bernard Prouha de se faire davantage connaitre.

 

psyche

Psyché, 1864

 

 

les demoiselles de jonzac

Commande privée : les demoiselles de Jonzac, 1865

Mais, c’est surtout lors du Salon de 1859 que sa carrière se lance véritablement : il expose plusieurs statues remarquées par la critique de l’époque, et tout particulièrement : la Muse de l’inspiration. Il participera jusqu’à sa mort à tous les Salons parisiens. Ainsi, il présente en 1864 une Psyché en plâtre. Psyché plus connue dans sa version en marbre, qui est aujourd’hui exposée au Musée des Augustins.
Pourtant, malgré cette apparente réussite, Pierre Bernard Prouha traverse des difficultés financières. Il s’en confie à ses amis et mécènes. Il craint la saisie de certaines de ses œuvres et envisage même de quitter la France pour s’installer en Amérique. Amis artistes, famille et mécènes finissent par l’en dissuader.

 

 

 

Travaux pour la cathédrale d’Albi, une étape importante dans la vie de PB Prouha :

marie madeleine

Marie-Madeleine

baldaquin albi

Baldaquin, cathédrale Sainte-Cécile d’Albi

En 1867, les travaux de restauration du baldaquin de la cathédrale Sainte Cécile d’Albi entamés en 1858, s’achèvent. Reste à présent à doter le portail et son porche de statues. C’est à Pierre Bernard Prouha que la tâche de réaliser 15 statues et 12 anges est confiée.

Pierre Bernard Prouha élabore en plâtre les modèles grandeur nature des statues qui seront ensuite sculptées par des tailleurs spécialisés, les praticiens. Ces derniers, cependant, ne sont pas tous aussi experts et certaines statues sont visiblement moins bien réussies ! On demande même à Pierre Bernard Prouha d’en corriger quelques-unes. L’une d’entre elles va rester dans sa version de plâtre, Marie Madeleine, et par la finesse de ses traits, de son drapé, elle reflète davantage encore du talent de notre sculpteur !
En 1868, lors de ses séjours à Albi, il rencontre une jeune femme qui devient son modèle : Marie Rosalie Viguier. Agée de 20 ans, elle vient d’avoir un petit garçon, Jules. Tous deux auraient servi de modèles pour la réalisation de la Vierge à l’Enfant du baldaquin. Pierre Bernard Prouha a 45 ans et est célibataire, Marie Rosalie l’accompagne et tous les trois, ils rentrent à Paris. Ils se marient le 2 mai 1872 et de cette union, deux enfants naitront : Eugène et Marie Juliette. Outre la réalisation des statues du baldaquin de la cathédrale d’Albi, Pierre Bernard Prouha a poursuivi ses travaux pour le Louvre mais aussi pour exposer lors de Salons parisiens. C’est donc logiquement qu’à son retour à Paris, il reprend activement ses réalisations.

1871-1888, un artiste reconnu :

portail sud

Portail sud

nd de tongres

Notre-Dame de Tongres (Belgique)

Au début des années 1870, Pierre Bernard Prouha de nouveau installé à Paris, répond à plusieurs commandes et ses réalisations artistiques sont nombreuses et riches (voir la chronologie). Il quitte cependant Paris de 1874 à 1876 pour la Belgique. On lui a en effet confié la réalisation de la décoration sculptée du portail sud de la basilique Notre-Dame de Tongres : tympan, statue de Saint-Materne du trumeau. Il réalise également la Vierge à l’Enfant du trumeau du portail nord du transept.

 

 

Pierre Bernard Prouha travaille jusqu’à sa mort, le 22 juillet 1888. Le Courrier de l’Art lui rend hommage dans sa rubrique nécrologique : « un des sculpteurs les plus distingués de l’école française », un artiste « merveilleusement doué, d’une intarissable invention ». Appartenant au mouvement artistique du néo-classicisme, il participa également au développement du romantisme. De son premier grand succès en 1851 (Nymphe) jusqu’à sa mort, ce sont plus de 40 œuvres de plâtre, bronze, pierre ou marbre, répertoriées, et c’est sans compter son importante contribution à la restauration du baldaquin de Sainte-Cécile d’Albi (27 statues et anges) ou encore à Notre-Dame de Tongres (2 tympans et 2 statues).

Un grand merci à Jeanne Prouha, son arrière-petite-fille, qui nous a permis, en nous confiant ses archives, de rendre hommage à son illustre ancêtre, natif de notre terroir.
Une pensée toute particulière également à Henri Faur, membre de l’AVH, décédé le 11 février 2021, et qui a activement participé aux premières recherches sur Pierre Bernard Prouha.

Christian Arnaud, Véronique Gayraud / AVH février 2021

Notes :
(1) Le Born, commune de la Haute-Garonne située à 5 km au nord de Villemur.

Bibliographie :
– Archives de Madame Jeanne Prouha.
– Article de la Revue du Tarn, n°252, de Monsieur Emmanuel Quidarré.
– Musée de Augustins : Denis Milhau, « les Toulousains », exposition 1991-92.
– Wikiphidias.

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