Brusson : le succès mondial des immortels « cheveux d’ange »

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Brusson fait toujours l’actualité,

comme en témoigne l’article d’Emmanuel Haillot du quotidien « La Dépêche du Midi «  dans son édition du 24 septembre

personnel brusson

1909 : photo prise dans la cour d’honneur de l’usine Brusson.

Pendant plus de 130 ans, la maison Brusson à Villemur-sur-Tarn, Haute-Garonne, a inondé le marché mondial de ses pâtes, pain, biscottes… Emblématiques vermicelles, les Cheveux d’Ange, sont toujours fabriqués.
Le bouillon de pot-au-feu est un plat exquis et reste pour beaucoup une vraie Madeleine de Proust. Lors des premières fraîcheurs de l’automne, ce plaisir est sublimé lorsqu’il est agrémenté de petites pâtes. Toutes ne peuvent cependant prétendre à ce rôle très sérieux… De nombreux gourmands le disent : seuls les Cheveux d’Ange remplissent avec brio cette mission de magie culinaire ! Mais les très fins vermicelles, nés après guerre sous la marque Supralta (contraction de super-alta !) sont plus que cela. Toujours fabriqués, mais à Bessières, ils sont les derniers survivants des établissements Brusson dont les vestiges dominent encore la ville de Villemur-sur-Tarn. C’est là, au nord de Toulouse, qu’est née l’entreprise familiale, en 1872. Son créateur, Jean-Marie Elie Brusson, sera l’architecte de ce succès. Vite à l’étroit dans son petit moulin, il franchit le Tarn et construit 15 000 m2 d’ateliers et bureaux en partie financés par des actionnaires.

C’est le début d’une épopée dont le premier héritier fut son fils Antonin. 600 personnes seront employées sous sa direction. Alors que la deuxième Guerre Mondiale éclate, plus de 7 500 tonnes de pâte, destinée à divers produits, sont fabriquées annuellement sous la marque « Brusson jeune » alors à son apogée… Le succès deviendra mondial. Il est dû à une vraie politique commerciale avant-gardiste et à une immense gamme de produits inventés au fil des décennies, traversant les événements nationaux qui les ont jalonnées.

supralta novamyl

Quelques unes des multiples publicités Brusson Jeune
(sources : archives AVH)

Tous sont dotés d’un emballage précurseur, apanage de l’entreprise qui développe même une branche de cartonnage employant maquettistes, graveurs, imprimeurs ! Brusson développe à ce moment la mode des produits de régime. Pains, biscottes, farines… sont conseillés aux diabétiques, cardiaques, obèses, certains affichant fièrement leur atout premier : le gluten ! Ô tempora, ô mores… D’autres spécialités sortent également de l’usine. La Veloutine fait un tabac. C’est une préparation «fortifiante» pouvant s’utiliser à la place du pain. Apparaît aussi, après guerre, la marque Novamyl, une poudre permettant de créer de délicieux entremets, crème, flans…

Un grand catalogue de pâtes

Mais le gros du marché restera les pâtes. Un catalogue a été conservé par l’association les Amis du Villemur Historique. Son président Gaston Sengès reste songeur à sa lecture : « On y voit des quantités incroyables de variétés de macaronis, de vermicelles, de coudes et coquilles, de pâtes aux œufs, laminées, du tapioca, …Certaines pâtes sont encore vendues par des marques connues mais elles ont été inventées ici !».
Dirigée dès 1925 par André Brusson, la société l’est ensuite par l’autre petit-fils, Jean. Elle finit par être rachetée par Panzani en 1971. Au début des années 80, elle n’emploie plus que 120 salariés. 30 seront licenciés en 2006, après un dépôt de bilan, certains apprenant la nouvelle par simple affichage… Une page est définitivement tournée. Marie- Claude était de ces sacrifiés. Elle ne veut « plus évoquer cette triste époque» confiant juste : «Mes plus belles années étaient celles avec les Brusson, une vraie entreprise familiale qui respectait ses employés. En vacances, il me tardait de revenir au travail…». Une larme est retenue. Derrière elle, à l’horizon, l’usine de briques roses est elle aussi plongée dans le silence. Magnifique patrimoine industriel surplombant le fleuve, elle attend une bonne âme qui, un jour peut-être, lui offrira une nouvelle vie, différente.
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Les marques stars du grand sud

Faute de madeleine qui renvoyait en s’émiettant Marcel Proust à des délices d’enfant, le Grand Sud a ses marques centenaires emblématiques…
Les biscottes Paré
, avant de devenir Heudebert et de passer sous l’enseigne LU, embaumaient à Toulouse les environs de la rue Gamelin où elles étaient fabriquées. Aliment prescrit pour les mangeurs du régime allégé, la biscotte n’était pas facile à tartiner tant elle se brisait, mais ses miettes étaient bienvenues en guise de chapelure. La plus célèbre des marques toulousaines est l’inégalable Cachou Lajaunie en boîte jaune, petit carré de réglisse inventé par le pharmacien Léon Lajaunie en 1880 pour lutter contre la mauvaise haleine. Dix millions de boîtes vendues chaque année à travers le monde (groupe Kraft Foods) poursuivent sa mission. Autre marque rétro, dont les Toulousains croisaient les effluves place Esquirol à Toulouse : les cafés Biec et leurs sélections «Grand arôme» et «La bonne tasse».

Plus au nord, à Montauban, les pâtes Tante Marie, créées en 1911, ♥  avaient une grande notoriété dans la ville dont les champions restent les biscuits Poult, créés en 1883.

Deux marques du sud ont traversé le siècle. Le chocolat Cantalou (à l’origine Cantaloup), emporté par l’inondation de 1940 à Arles-sur-tech (66) ressuscita à Perpignan et prit le nom de Cémoi dans les années 80.

Et c’est encore dans les Pyrénées-Orientales, à Thuir qu’on trouve «le bon Byrrh ». Créé en 1866 par les frères Violet, ce vermouth, «vin tonique et hygiénique au quinquina» était aussi le leader de la réclame sur les vitrines, les murs des villages et les cartes postales qui font les délices des amateurs de vide-greniers. P.M.

Emmanuel Haillot.

♥ ( Note AVH : en 1911, Paul Gardettes de Villemur, comptable chez Brusson fonde en 1911 à Montauban  » Les Etablissements du Sud-Ouest  » fabrique de pâtes alimentaires qui prendra plus tard dans les années 1930 le nom des  » Pâtes Tante Marie)

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