10 ans après la fermeture de l’usine,
une dernière victoire pour les anciens salariés de Molex
Dix ans après la fermeture de l’usine de connectique à Villemur-sur-Tarn, au nord de Toulouse, 21 salariés viennent d’obtenir leur dernière victoire devant de tribunal des prud’hommes de Toulouse.
L’histoire du combat des “blouses bleues” s’arrête donc ici.
On la croyait sans fin. L’histoire des salariés de l’usine Molex de Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne, sacrifiés en 2009 sur l’autel du profit et des actionnaires, vient de connaître (enfin) son épilogue, ce jeudi, avec une ultime victoire.
Devant le tribunal des prud’hommes de Toulouse, saisi via leur avocat de toujours, Maître Jean-Marc Denjean, 23 salariés « protégés », délégués syndicaux ou représentants du personnel, jusqu’à présent toujours dans l’attente d’un jugement, viennent d’obtenir entre dix-huit mois et deux ans de salaires. Soit un total de plus 1,1 millions d’euros qui devront être versés par les Régime de Garantie des Salaires. La somme recueillie depuis le début par l’ensemble des salariés s’élève donc à un peu plus de 8 millions d’euros.
“Une victoire correcte”
Voilà qui clos dix ans de combats dont une partie menée contre la maison mère américaine, en vain, puisque celle-ci ne sera jamais condamnée. Il restait donc l’espoir de pouvoir obtenir un dédommagement digne de ce nom grâce à la justice française. Cela a été le cas puisque, après plusieurs rendez-vous donnés devant les tribunaux aux salariés, celle-ci, comme à leurs camarades, leur a finalement donné raison.
Cette dernière étape est une preuve de plus, s’il fallait en rajouter une, « qu’il était indispensable de poursuivre cette longue lutte », aime à rappeler Maître Denjean. Le tribunal a en effet jugé une nouvelle fois « les licenciements sans cause réelle et sérieuse », explique l’avocat heureux de pouvoir boucler la boucle ainsi. « Au regard de ce qui se passe aujourd’hui, notamment face à ce que je nomme le barème Macron, cette victoire est très correcte. Elle n’effacera cependant jamais le mal fait aux 280 salariés car, je le répète, Molex était viable à Villemur-sur-Tarn. Tous ont galéré parfois des années et une dizaine sont encore sans emploi», a-t-il commenté.
Des vies brisées
S’il a d’abord prétendu le contraire un temps, le groupe Molex avait en effet fini par ne plus dissimuler la vérité, en l’occurrence son chiffre d’affaires de 2009, année de la fermeture : 897,7 millions de dollars. Cette annonce fait alors l’effet d’une bombe avec un double effet puisque Molex reconnaît en même temps avoir augmenté de 14,8 % les dividendes versés à ses actionnaires. Et que dire de cet autre chiffre : 75,1 millions d’euros. Il s’agit du bénéfice net alors réalisé par Molex…
« On a toujours su qu’ils se moquaient des salariés qui avaient pourtant fait le succès et la fortune de la boîte. On se devait d’aller jusqu’au bout », continue de penser, dix ans après, Maître Denjean qui n’oubliera jamais « toutes ces vies brisées par un drame qu’on aurait pu éviter ».