Le carnet de dessin de Jean-Marie Laffite
Commençons par un peu de généalogie. Les Laffite, originaires du Tarn, se sont implantés depuis la première moitié du XIXe siècle à Montgaillard où ils cultivent la terre des coteaux. François Laffite – qui a hérité du sobriquet de « Fitou »,- son épouse Jeanne Marie sont nés tous deux à Montgaillard, et se sont mariés à Beauvais-sur-Tescou. De ce premier mariage vont naître Marie Eugénie en 1860 et Eugène en 1869, mais deux ans plus tard Jeanne Marie décède.
François, prend une nouvelle épouse, Cécile, en 1878 qui donne naissance à Virginie l’année suivante. Quelques années plus tard, la famille s’installe à Villemur où Antonin voit le jour en 1886.
Il ya un peu plus d’un demi-siècle, tout le monde à Villemur connait la famille Laffite. « L’Antonin du Fitou » est ouvrier à l’usine Brusson, et sera plus tard conseiller municipal dans la première municipalité du maire Léon Eeckhoutte en 1947.
« L’Eugène du Fitou » de son côté a perpétué le métier de ses ancêtres, travaillant la terre avec son père, il est agriculteur. Il se marie avec Julie Sicard en 1894 et habitent la place du 4 septembre tout à côté de l’épicerie Birol. De cette union naît un fils, Jean-Marie, en 1896.
Courte vie que celle de Jean-Marie Laffite, emporté par la maladie à quelques jours de ses 19 ans, le 6 janvier 1915. Cinq mois après le début de la Grande Guerre, sa santé précaire l’avait d’ailleurs exempté de la conscription à l’appel de la classe 1916.
Entre 1909 et 1910 – Il avait alors environ 14 ans – il réalise une série de dessins où transparait son amour pour la terre, le monde rural qui l’entoure et sa passion pour les nouvelles machines agricoles. Il dessine avec une précision incroyable batteuses, locomobiles, moissonneuses où pas un boulon, pas un rivet ne manque ! Il semble fasciné par ces nouvelles machines agricoles qui vont révolutionner le monde agricole du début du XXe siècle.
Il a sans doute sous les yeux quelque catalogue des constructeurs de l’époque, qui se nomment alors Vierzon, Vendeuvre, le toulousain Amouroux, ou le britannique Ransomes, Sims et Jefferies. Mais avouez que la précision des croquis est assez remarquable pour un gamin de cet âge. Sur les dernières pages, il croque également un soldat allemand avec son casque à pointe, s’amuse à écrire le nom du Président de la République d’alors – Raymond Poincaré – à l’aide d’un code d’écriture d’inspiration maçonnique !
Il ne verra donc pas la fin de la guerre mais son père (à la Garde des Voies et Communications) et son oncle Antonin (dans l’artillerie) serviront sous les drapeaux.
C’est l’ami Pierrot Sicard qui a retrouvé ce cahier, vieux souvenir de famille ayant traversé le temps. Il a eu la gentillesse de me confier cet héritage du passé vieux de 110 ans afin de perpétuer la mémoire de « Jean-Marie du Fitou »
JCF / AVH juillet 2019
Photos :
1. Anne-Marie Malpel; 2. Pierrot Sicard; 3 et publicité Jean-Claude François.
Voici dans son intégralité le carnet de Jean-Marie Laffite