De L’Hôpital du XIIIe à l’EHPAD du XXIe siècle,
huit siècles d’évolution
Le Docteur Christian Poncelet, membre (très) actif de l’AVH prend la plume pour traiter d’un sujet qui lui tient à cœur concernant les services de santé d’hier et d’aujourdhui à Villemur, un secteur où il a exercé son activité pendant plusieurs décennies.
La santé publique qui comprend : Le Soin, la Gestion, la Bienfaisance, la Prévention est depuis que l’homme vit en communauté une préoccupation essentielle. Villemur avait vraisemblablement une léproserie au XIIIe siècle ainsi qu’un hôpital au XVIe siècle plus près de la porte Saint-Jean. (Abattoir, rue de la boucherie)
L’hôpital Saint-Jacques dont nous avons plus de renseignements remonte au XVIIe siècle. Il se situait à l’ouest de la porte Saint Jacques, 100 mètres en dehors des murs d’enceinte de la ville, à la jonction des chemins allant vers le Born et Les Fillols.
Les dernières réparations ont eu lieu en 1776. Elles n’ont pas résisté aux intempéries. La rue du vieil hôpital actuelle en est la mémoire .
À la révolution, l’hôpital devient l’hospice civil en 1796. Une loi crée des commissions des hospices civils. Les Pauvres sont pris en charge le 30 ventôse an onze (21 mars 1803) par le Bureau de Bienfaisance de la justice de Paix du Canton de Villemur-sur-Tarn qui dès lors devient l’administrateur des Pauvres. Il semble qu’il n’y a pas de locaux spécifiques pour les accueillir.
Ce nouvel organisme s’occupait de tout le canton. Les difficultés de gestion avec détournement de la nourriture, du linge et abus des familles des malades, imposent la nécessité de trouver un local qui sera l’Asile paisible du vieillard infirme. Le Bureau de Bienfaisance continuant de fournir les secours à domicile. (Réf : AMV délibération 1er mai 1841)
En 1841, toutes les conditions sont requises pour trouver ce local. Une proposition pour un hospice de 12 lits est faite à Monsieur le Préfet. Les dons et legs de toute nature, répertoriés par les notaires notamment et autres sont très fréquents à cette époque. Dans ce cas précis, cela pourrait être réglé financièrement de la façon suivante, grâce à trois apports différents :
1°) Un don à la condition expresse de construire un Hospice ont été faits par Melle de VACQUIÉ et Mr BATUT.
Soit une somme de 22.000 F.
2°) La vente d’une métairie associée au partage des biens gérés par le Bureau de Bienfaisance. À cet effet, une commission administrative de l’Hospice de Villemur est nommée pour procéder à la division et partage des créances appartenant d’une part à l’Hospice et d’autre part au Bureau de Bienfaisance. Soit 32.579,07 centimes à répartir entre les deux organismes.
3°) 13.000 F ont été payés par Mr MAURY acquéreur de la Foret Royale en contre partie de l’interdiction du droit d’usage des habitants de Villemur qui consistait au ramassage du bois mort.
Une somme de 50.000 F est disponible pour un Hôpital de 12 lits dont la construction avait été évaluée à 16.000 F
En 1850, le véritable essor a lieu, lorsque Mr Le Curé FIEUZET propose de mettre l’Hospice dans «
L’OUSTAL » ancien hôtel seigneurial du Duc de LESDIGUIERES actuellement Greniers du Roy. Les bâtiments étaient en partie occupés par les frères de l’Ecole Chrétienne (Sainte Famille) et Mr Le Curé demande que quatre sœurs de Saint André de La Croix s’occupent de cette maison. Deux pour les soins des malades et infirmes et deux pour l’instruction gratuite des enfants pauvres. Cependant un leg de Mlle BEUDOT impose que l’Hospice soit servi par les sœurs de Saint Vincent de Paul. Le conseil municipal trouve que cette proposition est recevable. Photos Greniers du Roy
Monsieur MAURY de Toulouse est le dernier propriétaire de l’hôtel seigneurial du Duc de LESDIGUIERES. La commune le lui achète pour la somme de 10.000 F : 6.700 F venant de la valeur de l’ancien hôpital et de ses terres vendues en 1840, 3.300 F constitué par un leg de Mr le Curé FIEUZET qui donne en plus des biens meublés évalués à 3.374 F.
Il en résulte que l’Hospice Saint-Jacques nouvellement organisé par arrêté de Monsieur le Préfet en date du 18 novembre 1852 a le droit de prendre et d’administrer ses revenus dans les locaux du Greniers du Roy .
14 octobre 1914, une délibération du conseil municipal suggère de participer à l’effort de guerre en accueillant des blessés. L’hôpital militaire bénévole N° 44 bis de 30 lits s’installe dans les Greniers du Roy.
En 1958, l’hospice s’établit rive gauche. Le passage des Greniers du Roy aux locaux actuels a été décidé le 20 mai 1954 lorsque Madame MARCHET belle fille de l’entrepreneur toulousain dont les 2 fils sont décédés, présidente de la « SOCIETE SAINT PIERRE » propose la donation de biens à l’Hospice Sait Jacques. Ces biens sont : le Domaine de Carles et une vaste maison Avenue de Toulouse, à condition que ces locaux soient réservés à un usage hospitalier. ( Photo) L’Hospice doit employer comme personnel secondaire des religieuses dépendant de la congrégation des « Filles de la Charité de Saint Vincent de Paul ». (Acte notarié du 20 mai 1954)
La maison a abrité avant la donation, un établissement scolaire qui a fermé. Les frères Salésiens de Don Bosco en ont eu la gestion pendant une période et le Père Auguste ARRIBAT s’y est illustré pendant la guerre en hébergeant et protégeant 6 enfants juifs.
Les sœurs de Saint Vincent De Paul ont tenu et géré l’établissement jusqu’en 1965. Quatre religieuses continuent leur service avec des infirmières et du personnel public jusqu’en décembre 1980. Le nombre de lits d’hébergement est passé pendant ce temps de 15 à 65.
Le 15 octobre 1974, les Greniers du Roy sont attribués à la Commune par bail emphytéotique de 99 ans à compter du 01/01/1975. À noter que les Greniers du Roy ont été inscrits aux monuments historiques le 07 août 1974.
Période contemporaine. L’établissement actuel connait de nombreuses évolutions. En 1968 une extension avec une annexe appelée « Pavillon » est créée comportant 40 places. Une rénovation de 44 lits est terminée en 1981.
L’hospice est devenu Maison de Retraite Médicalisée en 1983. La Maison de Retraite est reconnue propriétaire des biens le 18 juin 1984 avec une période de concession de 50 ans. La M.R. est libre de tout droit le 20 mai 2004.
Un SSIDPA (Service de soins infirmiers à Domicile pour Personnes Agés) de 25 lits est créé LE 03 février 1983 avec ses propres locaux en 2017. Il est un des éléments du maintien à domicile que compromet le grand âge.
En 2013 il couvre les cantons de Villemur, Fronton et Pechbonnieu avec 90 places.
La dénomination EHPAD (Etablissement Hospitalier pour Personnes Agées Dépendantes) est obtenue en 2007 et accueille 90 personnes avec 70 chambres individuelles et 10 chambres doubles.
Un PASA (Pôle d’Activités et de Soins Adaptés) est obtenu le 23 janvier 2013. Il a des locaux individualisés au sein de l’EHPAD depuis le 1ér octobre 2017. Ce sont 14 lits dédiés à des personnes âgées atteintes de maladie d’Alzheimer ou apparentées et présentant des troubles du comportement modérés.
L’EHPAD est devenu une structure hospitalière gérée par un directeur, un conseil d’administration présidé par le maire de la commune et une cinquantaine d’employés soit : 7 infirmiers(es) dont un cadre de santé, 26 aides-soignants(es) ,18 agents hospitaliers et de plus en plus de personnel qualifié intervenant : diététicienne, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotricien, psychologue, médecin coordonnateur qui font la valeur reconnue de l’EHPAD Saint jacques en 2019.
Docteur Christian Poncelet.