Le colonel Jean-Louis Cailhassou
Il est né à Villemur le 2 février 1770,(1) rue Cambon, dans une famille bourgeoise, fils de Jean Pierre Alexis Cailhassou négociant, issu d’une vieille famille villemurienne, et de Charlotte Victoire Ducos originaire de Montauban.
A cette époque-là, Villemur est un port très actif sur le Tarn, la batellerie est à son apogée et la construction des gabarres par les charpentiers de marine locaux est une industrie florissante. Bien des jeunes conscrits villemuriens navigant sur le Tarn, marins et matelots, sont considérés comme « gens de mer » et font leur service militaire dans la marine, « la Royale » comme on l’appelait en ce temps-là. Ils sont alors dirigés vers Rochefort, Brest ou Toulon. Mais c’est dans l’infanterie que le jeune Jean-Louis a choisi de servir son pays. .
L’état de ses services mentionne qu’il est nommé capitaine au 15e Bataillon de fédérés le 4 août 1792 soit six jours avant la chute de la monarchie. Il a tout juste 22 ans, et sert sous les ordres de Dumouriez, général en chef de l’armée du Nord, participant à la conquête de la Belgique par la victoire de Jemmapes. Lors de la bataille du Quesnoy il est fait prisonnier le 12 septembre 1793, incarcéré dans les prisons autrichiennes ou hongroises,(selon les sources) il ne rentrera en France que 4 ans plus tard le 28 octobre 1797.
Il poursuit sa carrière dans l’armée du Rhin, à la 20e ½ Brigade de ligne, reçoit un coup de feu à la cuisse à la bataille de Manheim le 22 août 1799 . Nommé capitaine au 20e de ligne, ( 21 février 1804), il passe en 1805, à l’armée d’Italie où il est atteint d’un coup de lance à la poitrine à la bataille de Caldiero le 30 octobre 1805.
Il est affecté ensuite à l’armée de Naples, (1806-1809) où les Bourbons sont chassés, remplacés par Joseph, le frère aîné de l’Empereur, puis Murat. C’est là qu’il obtient le grade de chef de bataillon du 10e régiment d’infanterie de ligne le 27 octobre 1808. Pour ses services à l’Armée de Naples, il sera fait Chevalier de l’Ordre Royal des Deux Siciles, décoré par Joachim Murat en personne.
Le 30 avril 1811 un important contingent de conscrits réfractaires débarque à Saint-Martin-de-Ré. Dans le courant du mois de mai, Jean-Louis Cailhassou, nouveau major, (nommé le 30 mars 1811) accoste sur l’île où il inculque à des recrues peu enthousiastes l’art de la manœuvre militaire et l’amour de la Patrie. En décembre 1811 les déserteurs et réfractaires de l’île de Ré sont 12 000. En avril 1812, le major Cailhassou quitte l’île de Ré pour Berlin.
Le « régiment de l’Isle de Ré » devient le 132e régiment de ligne formé de 4 bataillons et 3 batteries à pied.
La couleur des parements et des revers est bleue avec liserés jaunes pour différencier les réfractaires. Ces hommes se distingueront pendant la campagne de Russie. Le 13 décembre 1812 à Wolkovski durant 2 jours le 132e de ligne défendra vaillamment le pont de Wolkovski face à l’assaut de 33 000 russes. Le 22 janvier 1813 le major Cailhassou arrivera à Varsovie avec les rescapés du 132e de ligne. Les soldats ont marché pendant 470 km par un froid implacable laissant la moitié de leurs camarades ensevelis sous les glaces.
Avec les débris de son régiment, il participe à la campagne de Pologne et d’Allemagne et est blessé d’un coup de feu à la cuisse gauche à la bataille de Dennewitz ( Juterbock) le 6 septembre 1813, un mois avant la défaite de Leipzig. il est alors promu colonel de son régiment le 19 septembre 1813, un mois plus tard, le 12 octobre, il est fait officier de la Légion d’Honneur.
Puis, du 24 février au 21 mai 1814, il commande le 23e de ligne pendant le blocus de Mayence, y soigne sa blessure contractée à Juterbock. Ses états de service indiquent qu’il est intégré dans la Grande Armée en 1813 et 1814.
Sous la première Restauration, passé au 14e régiment d’infanterie légère le 29 mai 1815, il est mis à la disposition du général Laubardière où il est chargé de l’organisation des gardes nationales dans les quatorzième et quinzième divisions militaires. Mis en non activité le 15 février 1816, il est retraité par ordonnance du 31 juillet 1822. Lors de l’avènement de la Monarchie de Juillet, il reprend du service en qualité de chef de la 13e légion de gendarmerie de Toulouse le 13 septembre 1830, il en assure le commandement jusqu’en 1835 où il est admis à faire valoir ses droits à le retraite . (11 septembre 1835) .
Maire de Toulouse (du 24 juin 1852 au 1er septembre 1855), il reçoit, le 5 octobre 1852 le Prince Président Louis Napoléon Bonaparte auquel il remet solennellement les clefs de la ville, les mêmes qu’avaient reçues son oncle Napoléon 1er ,le 25 juillet 1808 lors de sa venue à Toulouse.
Jean-Louis Cailhassou décède à Toulouse, au n° 2 de la rue d’Astorg, le 25 août 1861 âgé de 91 ans. Peu de temps après son décès, « La Revue de Toulouse et du Midi de la France » lui adressa l’hommage suivant : « Ce qu’on peut dire de plus glorieux à sa mémoire, c’est que dans tous les emplois qu’il a remplis, civils ou militaires, il a laissé partout les souvenirs les plus honorables. »
Les documents qui figurent ci-contre et ci-dessous nous ont été fournis par Monsieur Miguel Rivière, un descendant de Jean-Louis Cailhassou qui a reçu en héritage les trois tableaux suivants, que nous publions avec son aimable autorisation. Grâce à lui nous pouvons enfin mettre un visage sur notre célèbre colonel !
Le grand portrait de Jean-Louis Cailhassou est daté de 1860, peu de temps avant sa mort. A son cou, la médaille de Commandeur de la Légion d’Honneur reçue en 1854. Détail touchant, un détail significatif : sa main droite est posée sur un livre, « L’histoire de Napoléon » montrant son attachement éternel envers l’Empereur. Dans le cadre à droite du portrait du colonel figurent toutes ses médailles reçues en reconnaissance de ses faits d’armes.
La photo de droite porte la dédicace suivante : « Offert par l’auteur à Monsieur Cailhassou, maire de Toulouse, Commandeur de la Légion d’Honneur » Signé Jean Bonnal « Architecte en chef de la ville » (2)
Jean-Louis CAILHASSOU
Né à VILLEMUR
Volontaire de 1792
Services et campagnes 56 ans
d’Infanterie
Colonel de Gendarmerie
de la garde nationale de Toulouse
Commandeur de la Légion d’Honneur 18/10/1852
Chevalier de l’Ordre royal et militaire de St-Louis 7/3/1815
Chevalier de l’Ordre royal des deux Siciles
décoré par Murat le 2/2/1811
Décoré de la Médaille de Sainte-Hélène
Blessé de deux coups de lance à la poitrine
et de trois coups de feu
Maire de la Ville de TOULOUSE
Membre du Conseil Général de la Haute-Garonne
Et du conseil municipal Toulouse
Président de la société philanthropique de St MARTIN (3)
Notes :
(1) Les registres paroissiaux de Villemur portent bien la date de naissance de Jean-Louis Cailhassou le « deuxième février » 1770, alors que sur tous les documents concernant l’attribution de la Légion d’Honneur ( Etats de service, acte de naissance…) est portée la date du 2 février 1774. Curieuse anomalie.
(2) Pour la petite histoire, Jean-Noël-Joseph Bonnal (1805-1889) architecte municipal de la ville de Toulouse, eut comme adjoint en 1844 un certain Jacques-Jean Esquié auquel nous avons consacré un article (il dressa les plans entre autres de l’église Saint-Michel de Villemur) Jean Bonnal succéda à Toulouse à un architecte célèbre, Jacques-Pascal Virebent qui entre autres, conduisit les travaux pour uniformiser les bâtiments entourant la place du Capitole. La partie ouest de la place réalisée de 1850 à 1852, est conçue par l’architecte Jean Bonnal après un changement dans le plan d’alignement de Virebent : la façade est allongée pour s’aligner sur le Capitole et pourvue d’arcades inspirées par la rue de Rivoli à Paris.
(3) La plus ancienne association toulousaine, la société philanthropique militaire Saint-Martin crée en 1845 et dont les statuts ont été déposés en 1846, a été dissoute le mardi 30 mai 2018 lors d’une assemblée générale extraordinaire. Cette association composée d’anciens officiers en retraite avait pour but essentiel d’aider et d’accompagner leurs frères d’armes sans famille tout particulièrement lors de leurs obsèques. La reine Marie-Amélie, épouse du roi Louis-Philippe, à l’époque fit un don d’argent et envoya un drap mortuaire de grande qualité pour recouvrir les cercueils. Ce drap est maintenant dévolu à l’aumônerie catholique militaire suite à la décision unanime des membres de l’association. Cette dissolution est consécutive à une disparition de la majeure partie des sociétaires très âgés, de la non-adhésion d’autres officiers. (Source : » La Dépêche du Midi »)
Sources :
Notes de Yvan Godefroy et Robert Mosnier « L’Empire »
Marie-Hélène Legrand, « Ré : une terre chargée d’Histoire » 2008.
Crédit photo :
1, 8, 9 : Mr Miguel Rivière.2, 3 5 bis: wikipedia. 4 : www.alamy.com 5 : www.pinterest.fr 6 : Base de données Léonore, Archives Nationales. 7: archives J.C.François. 10 et 11: Marcel François.
JCF/AVH /2017 révisé septembre 2020